Vraisemblablement, l’épidémie d’incendies est loin de connaître son épilogue en Guinée. Alors que le drame de Terset (Dubréka) jeudi dernier où il y a eu 6 morts hante encore les esprits, celui de la Cimenterie aflige plus d’un. Dix personnes ont trouvé la mort ce mercredi, 3 juillet 2024, en banlieue de Conakry. Sur les lieux du sinistre, impossible de se frayer un chemin. Parents, amis et connaissances, tous prennent d’assaut la maison mortuaire. A côté, c’est un bâtiment de 2 chambres et salon en ruines qui frappe le regard des visiteurs.
Alhousseine Touré et 13 autres personnes étaient dans ladite maison quand l’incendie s’est déclaré à 1 heure du matin, nous-a-t-il confié. Visiblement abattu, il n’a pas pu retenir ses larmes quand il est revenu sur la dernière phase qui lui a été adressée par l’un de ses fils emporté par les flammes. Sans nul doute, il s’agissait d’un adieu prémonitoire.
« Papa Assalamoualekoun (salutation musulmane, ndlr), au revoir papa », rapporte-t-il avant de revenir sur les circonstances dans lesquelles le sinistre s’est produit :
« Je suis rentré hier vers 22 heures, donc j’ai pris mon bain. J’ai parlé avec mon fils Ousmane. Je lui ai donné mon téléphone pour jouer avec. Quand il était 23h moins, je le lui ai retiré en lui disant d’aller se coucher. Il s’est levé dans ma chambre, il m’a regardé en me disant papa Assalamoualekoun (salutation musulmane, au revoir papa. Vers 1h du matin, c’est ma femme qui me réveille pour me dire qu’il y a le feu dans la maison. Quand j’ai ouvert ma chambre, le salon était enflammé. J’ai dit à la sœur cadette de faire sortir les enfants de la chambre. J’ai pris le téléphone pour appeler mon voisin Fadiga », raconte-t-il.
Aussi joint au téléphone, Alseny Fatiga n’a pas penser à s’habiller pour se rendre sur les lieux dans le but de sauver la famille Touré. Appuyé par d’autres voisins, ils n’ont pu sauver que 4 personnes dont une admise aux soins intensifs :
« Il m’a appelé au téléphone en me disant de venir sinon sa famille et lui allaient mourir. Entre-temps, on a pris les hanches et les marteaux. On a essayé de sauver d’abord M. Touré et sa femme nourrice. Une fois sauvé, il a crié qu’il a ses enfants dans l’autre chambre. On a cassé la fenêtre pour y extraire un enfant qui est à l’hôpital. C’est la seule personne qu’on a pu sauver sur les 14. C’est un court circuit parce que le courant était parti avant de revenir. Il y avait eu un décalage de courant. Le courant tue aujourd’hui beaucoup de personnes, il faut le stabiliser. Je demande aux autorités guinéennes d’aider M.Touré. Rien n’est sorti dans sa maison. L’habit qu’il porte maintenant, on le lui a donné. Je demande au Général Mamadi Doumbouya de lui venir en aide car, aujourd’hui il est sans abri, il a tout perdu », a-t-il lancé.
Pour le Colonel Kalil Diallo, président de la délégation spéciale de Kagbelen, il s’agit d’un sinistre déplorable : « D’abord, je présente les condoléances aux familles éplorées. Dès que nous avons reçu l’information, immédiatement, j’ai appelé toutes les autorités : la gouverneure de la ville de Conakry, le procureur, la police, la gendarmerie pour qu’ils viennent sur les lieux afin de faire le constat. C’est ainsi que moi-même avec ma délégation spéciale, nous nous sommes rendus sur les lieux pour faire le constat. Nous avons trouvé qu’effectivement c’est un drame dû à un court circuit qui a attaqué le bâtiment, ça trouvait que les enfants s’y trouvaient et que presque personne n’a pu échapper. Les corps ont été transportés au centre de santé. Et après ici, nous allons voir les corps. Vraiment, nous déplorons cette situation dramatique qui vient de se passer », a-t-il déclaré.
Au moment où nous quittions sur les lieux, la protection civile et la gendarmerie étaient mobilisées ainsi que les autorités communales étaient encore sur les lieux.
Mohamed Lamine Souaré pour Siaminfos.com
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