Affaire Ibrahima Kourouma: la CRIEF ordonne la comparution des Inspecteurs ayant travaillé sur l’enquête concernant l’exécution des budgets du MEPU-A entre 2011 et 2021
Le procès de Dr Ibrahima Kourouma et Mohamed V Sankhon s’est poursuivi ce lundi, 10 février 2025 à la Cour de Répression des Infractions Économiques et Financières (CRIEF). Cette audience était principalement consacrée à l’interrogatoire de Mohamed V Sankhon, ancien Directeur Administratif et Financier (DAF) dans plusieurs ministères. Le prévenu, tout comme son coaccusé, a rejeté les accusations de détournement de deniers publics et d’enrichissement illicite mises à sa charge.
Mohamed V Sankhon a précisé que son parcours dans l’administration publique a débuté en 2000, lorsqu’il a été enrôlé au ministère de l’Économie et des Finances. Il a occupé diverses fonctions de DAF, notamment aux ministères de l’Énergie et des Mines, à la Grande Chancellerie de l’Ordre National du Mérite, et actuellement au ministère des Transports. Toutefois, il a insisté sur le fait qu’il n’a jamais travaillé avec Dr Ibrahima Kourouma, expliquant qu’il a exercé la fonction de DAF au ministère de l’Enseignement Pré-Universitaire uniquement entre juin 2020 et avril 2022, bien après le départ de Kourouma du département, en 2017.
Lors de l’audience, Monsieur Sankhon a vigoureusement contesté les rapports d’expertise produits par l’Inspection Générale d’État (IGE), en soulignant selon lui, l’absence de rigueur dans les procédures de vérification. Il a critiqué la méthode des Inspecteurs, arguant que ces derniers ne s’étaient pas attardés sur le fond des dépenses, mais s’étaient concentrés sur des aspects purement formels sans vérifier l’exécution effective des projets.
«Un bon inspecteur doit d’abord vérifier si les travaux ont été réalisés, et non seulement regarder la forme des dépenses », a-t-il réagi.
Le prévenu a également exprimé son mécontentement face aux accusations qui l’associent à Ibrahima Kourouma dans un détournement de fonds de l’ordre de 12 millions de dollars. Il a expliqué que lors de la période incriminée, il n’était pas en fonction au ministère de l’Enseignement Pré-Universitaire, et qu’il était donc impossible pour lui de détourner ces fonds.
«Quand vous faites la somme du budget que j’ai géré, cela n’atteint même pas 100 milliards de francs guinéens », a-t-il ajouté, réfutant catégoriquement les accusations.
Concernant ses biens personnels, le prévenu a affirmé que la plupart de ses propriétés lui avaient été offertes par sa famille, notamment un duplex à Enta Fassa construite par son père en 2006 sur une superficie de 700m². Il a également mentionné plusieurs autres biens familiaux, à Freetown.
« J’ai intégré la fonction publique en 2000. Comment vais-je acquérir d’autres biens? Je suis un fonctionnaire d’État et je me contente de mon salaire. Peut-être sauf ma femme que j’ai épousée», a-t-il martelé.
Dans le cadre de l’enquête, l’avocat de l’État a demandé à la Cour de faire comparaître les experts ayant établi le rapport de l’IGE, et de réclamer à la Direction Nationale de l’Aménagement du Territoire et de l’Urbanisme (DATU) ainsi qu’à la Conservation Foncière des titres fonciers pour tous les biens enregistrés au nom des prévenus, de leurs épouses et enfants.
À l’issue de l’audience, la Cour a ordonné la comparution des Inspecteurs ayant travaillé sur l’enquête concernant l’exécution des budgets du ministère de l’Enseignement Pré-Universitaire entre 2011 et 2021. Elle a également demandé à la DATU et à la Conservation Foncière de fournir des informations détaillées sur les biens immobiliers appartenant aux prévenus et leurs épouses et enfants.
L’affaire a été renvoyée au 26 février 2025 pour la suite des débats.
BAH Mohamed pour Siaminfos.com