La Guinée fait-elle face à une crise énergétique ? « Malheureusement, on est toujours dans la réaction, on évite l’anticipation » (spécialiste)
L’incendie survenu au dépôt d’hydrocarbures de Kaloum au mois de décembre dernier, a eu des conséquences néfastes sur de nombreux secteurs en Guinée. Comme le secteur de l’éducation qui a connu des congés inopinés, celui de l’énergie fait également les frais. En effet, depuis un bon moment maintenant, la desserte en électricité connait des perturbations à maints endroits du pays.
Aux dires d’un spécialiste interrogé ce lundi, 29 janvier 2024, cet état de fait peut s’expliquer par la « corruption » qui mine le secteur notamment Électricité de Guinée (EDG) :
« Économiquement, on a quand même de l’argent qui reste, EDG se fait de l’argent. Cela dénote aujourd’hui du système de corruption, du détournement de l’énergie, l’énergie c’est de l’argent. Ce qui se passe aujourd’hui, il y a des personnes qui alimentent des consommateurs d’électricité. Au lieu que cette facture soit payée à l’entreprise, ça va dans la poche des personnes, c’est vérifié et c’est vérifiable (…) Il faut remettre en question ce système de gestion de cette entreprise. Le nerf de la guerre aujourd’hui c’est l’argent, l’argent c’est le commercial. La Guinée est un château d’eau énergétique, nous avons une énergie garantie environ de 19 000 gigawatts par an. Aujourd’hui, nous produisons moins de 4 000 gigawatts. Cela dénote aujourd’hui du potentiel que nous avons et ceux qu’on a mis en valeur », a laissé entendre Moussa Coulibaly avant de poursuivre :
« Nous avons essayé plusieurs méthodes qui ne marchent pas, il est temps aujourd’hui que nous associons tous les acteurs en charge du secteur de l’électricité pour pouvoir en bout de compte mettre un modèle viable, efficace et efficient. Je pense que cette transition peut être une occasion pour en finir avec les vielles habitudes, malheureusement qui régressent la Guinée, qui continuent à nous enfoncer. Il est encore inconcevable qu’en 2024 que nous soyons confrontés à une crise énergétique majeure alors que cela aurait pu être évité si les décideurs en place, si les acteurs du secteur avaient pris les mesures idoines à temps. Malheureusement on est toujours dans la réaction, on évite l’anticipation », a-t-il déclaré chez nos confrères de la radio Espace.
Mohamed Lamine Souaré pour Siaminfos.com