Qui a détourné la subvention allouée aux structures syndicales guinéennes? un enseignant fait des révélations
Chaque année, le gouvernement guinéen octroie une subvention aux structures syndicales du pays, apprend-on. Ce, pour leur bon fonctionnement en tant que partenaires. Pour l’année 2024, selon le ministre guinéen du Travail et de la Fonction publique, les structures syndicales ont bénéficié de la part de l’Etat d’une somme de trois (3), milliards de francs guinéens. Sauf que la répartition de ce montant suscite des doutes au sein de la classe ouvrière. Un enseignant qui est intervenu à notre micro, sous anonymat, dénonce un « détournement de cette subvention allouée aux structures syndicales ».
Décidément, il y a anguille sous roche dans l’affaire relative à l’octroi de subventions aux structures syndicales guinéennes, selon notre interlocuteur. Tout d’abord, notre informateur nous parle d’une situation qui date de plusieurs années.
« Quand on parle de centrales, c’est le regroupement de plusieurs fédérations et les fédérations aussi, c’est le regroupement de plusieurs sections syndicales. Donc l’ensemble des sections syndicales forment une fédération, l’ensemble des fédérations forment une centrale. Donc les centrales sont la représentation presque suprême des structures syndicales. Alors, la subvention que l’État a accordée aux centrales syndicales avant, c’était 2 milliards je crois. Les 2 milliards, sont passés à 3 milliards. Donc il y avait des arriérés de 14 milliards 500 millions. Il y a eu le paiement de 4 milliards 500 millions, donc aujourd’hui, il reste 9 milliards », a-t-il indiqué.
Pour l’année 2024, les structures syndicales guinéennes ont bénéficié d’une subvention de 3 milliards de francs guinéens, a-t-on appris. Mais aujourd’hui, les questions se posent sur la destination de ce montant, son utilisation et même sa répartition entre les fédérations, les structures syndicales entre autres.
« Pour 2023-2024, le gouvernement a procédé comme l’a dit le ministre du Travail et de la Fonction publique, au paiement de 3 milliards de subventions aux centrales syndicales. Les centrales syndicales qui sont au nombre de 13. Aujourd’hui, la plus grande centrale c’est la CNTG. C’est l’USTG qui suit sur le plan de représentativité. Donc, ça veut dire que la CNTG a 85% de la subvention.
Admettons que dans 2 milliards, la CNTG elle seule, a 1 milliard 800 et quelques millions. Donc le reste là, c’est l’USTG et les petites centrales. Déjà, nous savons depuis que les centrales ont commencé à percevoir les subventions et que le montant qui est alloué n’est pas ressenti dans les fédérations. Pendant que le gouvernement donne ces subventions uniquement pour les centrales et les fédérations. Parce que dans les justifs, je crois, ils vont mettre là-bas les fédérations ont reçu tel montant et ces subventions sont données pour payer les cotisations à l’international, faire les formations et faire marcher l’administration syndicale », indique-t-il.
Mais tel n’est pas le cas, poursuit cet enseignant.
« Parce que quand la subvention est donnée, généralement, vous verrez qu’il y a des centrales, on leur donne 1 million sans leur dire que c’est la subvention. D’autres, on leur donne 2 millions sans leur dire que ça vient de la subvention. Maintenant imaginez qu’une centrale, qui obtient 1 milliard 800 millions et qui n’a par exemple que 10 fédérations. 10 fédérations, 1 million chacune, ça fait 10 millions. 10 millions par rapport à 1 milliard 800 et quelques millions », a-t-il fait savoir, tout en dénonçant une malversation financière dans cette affaire.
« Ça veut dire que cette subvention est très mal gérée au niveau des centrales syndicales, elle est très mal gérée parce que non seulement les fédérations ne bénéficient pas, mais aussi, il y a une injustice qui plane à l’horizon », alerte-t-il.
Pour donc tirer les choses au clair dans cette affaire, notre interlocuteur demande au gouvernement à travers son organe de répression des infractions économiques et financières de mener des enquêtes afin de rassurer l’opinion publique nationale.
« Je ne pense pas, si le gouvernement fait attention, lorsqu’il débloque un montant donné aux syndicats. Lorsque cette subvention est donnée et que le gouvernement débloque des milliards, il faudrait que le gouvernement cherche réellement où ces milliards-là sont investis. Il ne faudrait pas que le gouvernement donne et tourne le regard ailleurs. Ces trois milliards-là peuvent quand même construire un hôpital, des salles de classe ou faire 50 hectares de riz dans le cadre de la consommation au marché. Ça peut aussi permettre aux malades qui sont à l’hôpital d’avoir des produits pour les sauver. Donc déjà, il faut que le gouvernement, quand il débloque l’argent pour donner aux syndicats, qu’il puisse envoyer des inspecteurs dans toutes les fédérations pour contrôler effectivement est-ce que les 3 milliards qui ont été donnés, est-ce que la façon dont on nous a décrit, vont en ligne par rapport à ça. Mais si le gouvernement donne 3 milliards et que le gouvernement tourne le dos, on pense que ce n’est pas du tout bien. C’est pourquoi j’interpelle le gouvernement à jeter un regard très sérieux sur la subvention donnée aux centrales syndicales. Parce qu’il n’y a pas que les centrales qui travaillent. Les fédérations travaillent plus que les centrales syndicales. Et aujourd’hui, si vous voyez que la lutte syndicale est confondue à la lutte politique, c’est par manque de formation. C’est par manque d’éducation. Donc, c’est pourquoi, nous interpellons le gouvernement à vraiment s’impliquer davantage dans cette histoire de subvention. Nous demandons à ce que justice soit faite. Et si c’est la CRIEF qui doit s’intéresser à cette histoire de subvention, parce que quand même c’est l’argent de la nation, c’est le contribuable qu’on est en train de donner aux syndicats pour leur permettre de défendre les travailleurs convenablement. C’est normal que le gouvernement accorde une subvention aux syndicats. Mais chaque fédération doit avoir sa part pour nous permettre de fonctionner, de payer les cotisations. De faire la formation de ces syndicats, de faire la syndicalisation et de faire la sensibilisation par rapport à la citoyenneté, par rapport au bon comportement d’un syndicaliste. Mais comme ça, c’est une injustice que nous constatons, un détournement de la subvention syndicale qui est allouée au niveau des centrales syndicales. Nous interpellons la CRIEF à venir au secours pour que justice soit faite », a-t-il lancé.
Cheick Fantamadi pour Siaminfos.com
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