Bien qu’elle soit interdite par la loi, la mendicité est pratiquée par bon nombre de personnes dans la ville de Boké. Pour le savoir, il suffit de faire un tour dans les différents quartiers pour s’en rendre compte.
Ces hommes et femmes parfois des vieilles personnes, déambulent en longueur de journée pour quémander. Parmi ces mendiants, une femme se distingue des autres. Il s’agit de Dame Aissatou Lamarana qui vient uniquement au centre-ville pour se livrer à la mendicité afin de subvenir aux besoins de ses enfants. Mère des triplés, notre interlocutrice explique les raisons qui l’ont poussé à mendier.
« Nous sommes des cultivateurs vivant dans un village à Tinguilinta situé à environ 60 kilomètres du chef-lieu de la préfecture de Boké. On n’a rien et en deux accouchements j’ai fait 5 enfants. Lors du premier, j’ai eu deux filles et pour le second j’ai encore fait trois (3) fillettes. Je ne dors pas si les petites filles que vous voyez ici ont faim, elles passent toute la nuit à pleurer. Voilà pourquoi je suis venue à Boké pour trouver de quoi les nourrir », explique dame Aissatou.
Allaiter trois bébés n’est pas l chose facile, dit-on. Et la mère de famille se dit prête à tout pour élever ses enfants.
« Il n y a pas de mal à demander de l’aide. Nous sommes dans une ville où les habitants sont ancrés dans la religion et certains quand ils me voient sont tout de suite touché par ce que nous traversons mes enfants et moi et donc ils font des gestes mais d’autres nous regardent avec mépris. Mais je les comprends et je n’en veux à personne, tout le monde a des problèmes en ce moment. Je n’ai pas choisi cette vie (mendicité), c’est le destin qui l’a voulu ainsi. Certaines femmes jettent leurs bébés et moi je ne ferai jamais une chose pareille, même s’il faut que je mendie pour les nourrir, je le ferai », martèle notre interlocutrice.
Entre boutons sur la peau et perte de poids, à vue d’œil on comprend tout de suite que ces enfants souffrent de malnutrition. Leur maman en est bien consciente.
« Voyez-vous comment elles se battent pour téter les seins. C’est la preuve éloquente qu’elles ont faim et ont besoin de plus de nourriture mais hélas. En plus, je constate des petits boutons qui commencent à sortir sur leurs corps et un taux en continu. Elles ont besoin d’être soignées mais par faute de moyens, il va falloir attendre encore», se lamente la mère des triplées.
Pour finir Dame Aissatou lance un appel aux ONG et aux personnes de bonne volonté de lui venir en aide.
« Je demande à toutes les organisations œuvrant dans l’humanitaire de m’aider car le riz que je gagne en quémandant ou le peu d’argent ne suffisent pas pour nourrir mes petites filles. Sans vous, je n’y arriverai certainement pas à élever ces pauvres enfants seule car, leur parent n’a rien », lance –t-elle.
Comme elle, de nombreuses familles de la commune urbaine de Boké se retrouvent dans cette même situation d’extrême pauvreté. Ce qui les pousse à se lancer dans la mendicité.
Boké, Bailo Bah pour Siaminfos.com