Ramadan et carême sous la chaleur : un danger silencieux pour les sportifs guinéens, selon un médecin
Depuis plusieurs jours, la Guinée fait face à une chaleur écrasante, avec des températures dépassant parfois les 35°C. Cette période coïncide avec le mois saint du ramadan pour les musulmans et le carême pour les chrétiens, deux communautés majoritaires dans le pays. Pour les sportifs, et particulièrement les footballeurs, cette double contrainte physique et spirituelle représente un défi majeur.
Selon Cheick Souaïb Sanoh, médecin sportif que nous avons interrogé ce mercredi, 19 mars 2025, affirme que les risques sont accrus par plusieurs facteurs.
«Pratiquer un sport sous une chaleur intense pendant le jeûne peut entraîner une hypoglycémie sévère, due à la baisse du taux de glucose dans le sang. Cela peut provoquer des malaises, voire des complications cardiaques », explique-t-il.
En Guinée, où les infrastructures médicales et sportives sont souvent insuffisantes, ces risques sont amplifiés.
«Beaucoup de nos sportifs manquent d’accompagnement médical adapté. Il y a quatre ans, un joueur du Hafia FC avait succombé à une crise cardiaque. L’année passé encore, nous avons perdu un autre jeune talent. C’est un signal d’alarme pour tous », avertit le spécialiste.
Face à ces risques, Cheick Souaïb Sanoh recommande aux sportifs d’adapter leurs horaires et l’intensité de leurs séances. « Il est préférable de s’entraîner tôt le matin, environ une heure après le repas de l’aube (Suhûr), quand l’organisme est encore nourri. Sinon, en fin de journée, juste avant la rupture du jeûne », conseille-t-il.
Il souligne également l’importance de pauses régulières et d’une surveillance médicale accrue : « Même en Europe, les compétitions durant le ramadan intègrent des pauses pour permettre aux joueurs de s’hydrater et de rompre le jeûne. En Guinée, nous devons adopter les mêmes mesures pour préserver la santé de nos sportifs. »
La mort de Youssouf Kéira rappelle l’urgence d’une meilleure prise en charge médicale et d’un encadrement plus strict des pratiques sportives en période de forte chaleur. Pour les clubs et les fédérations, il devient essentiel de sensibiliser les athlètes aux risques et d’adapter les calendriers sportifs aux réalités climatiques et culturelles.
Dans un pays où le football est une passion nationale, il est crucial de trouver un équilibre entre performance et préservation de la santé. Comme le rappelle Cheick Souaïb Sanoh, «La vie d’un sportif vaut plus qu’un match ou un entraînement. Prévenir vaut mieux que guérir. »
Ce médecin n’a pas manqué de prodiguer des conseils pour les sportifs en période de chaleur et de jeûne. «Il faut Privilégier les entraînements matinaux ou en soirée , Éviter les heures les plus chaudes (12h-16h) pour réduire les risques de déshydratation et d’hypoglycémie, adapter l’intensité des exercices réduire l’effort physique en fonction de la capacité individuelle et de l’état de santé, faire des pauses régulières, intégrer des moments de repos, surtout lors des compétitions, pour limiter les coups de chaleur, surveiller les signes d’alerte : fatigue excessive, vertiges, palpitations… Ces symptômes nécessitent une prise en charge immédiate, consultation médicale préalable. Tout sportif doit effectuer un bilan médical avant de pratiquer un sport intense, notamment en période de jeûne», a-t-il conseillé.
MAD pour siaminfos.com