Comment les dépenses obligatoires de l’État guinéen s’opèrent ? : ces éclaircissements de Hamidou Camara du CNT
Récemment, les conseillers nationaux de la transition ont adopté la loi de Finances rectificatives en Guinée. Alors que le pays fait face aujourd’hui à un déficit budgétaire de 3%, le président de la commission plan, affaires financières et contrôle budgétaire du CNT a pris la parole ce mercredi, 11 octobre 2023 pour apporter quelques éclaircissements. Hamidou Camara, puisqu’il s’agit de lui, a expliqué comment les dépenses obligatoires de l’État guinéen s’opèrent.
D’entrée, le conseiller a donné des informations sur les 29 000 milliards de francs guinéens relatifs aux recettes internes.
« Nous avons reçu le budget de l’État, la prévision était de 29 000 milliards en termes de recettes internes. Quand vous prenez le budget de l’État, il y a 5 titres. Mais sur chaque catégorie de titres, il y a des dépenses qui sont obligatoires. Si je prends l’exemple sur le titre 1 qui est de 1 063 milliards, c’est obligatoire, on ne peut pas réduire. Le titre 1, ce sont les charges financières de la dette, c’est l’intérêt des dettes que nous contactons, parce que l’État doit rembourser et le principal, et l’intérêt. On met l’intérêt de la dette au titre 1 parce que c’est par semestre. Donc, il y a un paiement semestriel et annuel. Mais, il faut aussi rembourser le principal. C’est-à-dire il y a les prêts que l’État a contractés en 2021, 2022, il faut les rembourser. Donc, c’est ça qu’on met au bas du bilan qui comprend 19 000 milliards. Donc, rien que les charges financières de la dette, l’État doit faire face à des engagements, c’est incompressible. Le titre 2, c’est les 7 800 milliards, c’est incompressible. Le titre 3, il y a les catégories de dépenses qu’il faut payer, le CNT regarde ça », a-t-il nuancé avant de poursuivre :
« Vous prenez par exemple les budgets de souveraineté, le fonctionnement de l’armée, les factures d’électricité, le paiement des produits pharmaceutiques pour les hôpitaux, rien que ça, nous sommes autour de 1 500 milliards. Vous venez au titre 4 portant sur le fonctionnement des institutions républicaines, il faut payer. Il y a 3 200 milliards qui vont à EDG (Électricité de Guinée, ndlr), nous étions à 4 000 milliards. Dès qu’on coupe aujourd’hui le courant pour 5 jours, ça va crier partout à Conakry. Il faut payer les boursiers de l’État, il faut payer le fonctionnement des hôpitaux. Vous venez au niveau du titre 5, il y a des dépenses aussi qui sont obligatoires parce qu’en terme d’investissements, il y a deux types. Il y a les dépenses d’investissement projets et les dépenses d’investissement hors projets. L’État doit se déplacer, donc il faut des moyens de déplacement. Il y a aussi le fonds d’entretien routier qui reçoit une subvention de l’État. Quand vous prenez la somme des dépenses obligatoires là, nous sommes à 20 000 milliards sur 29 000. Ça veut dire que nous sommes obligés d’affecter naturellement 20 000 milliards de ces dépenses, il va rester 9 000 milliards. Les 9 000 milliards, prenez juste l’investissement, nous sommes à 14 000 milliards et pourtant on a que 9 000 milliards. Vous prenez le niveau du titre 3, c’est 4 000 milliards dont 1 500 obligatoires. Puisqu’on a mis les 1 500 dans les 20 000, il va rester 2 500 milliards. Les 2 500 milliards plus les 14 000 milliards de l’investissement, ça fait 16 500 milliards », a-t-il fait savoir avant de préciser plus loin :
« Nous d’abord, on a 29 000 milliards mais nous sommes contraints d’utiliser 20 000 milliards de façon obligatoire, c’est-à-dire ce sont des charges qui sont incompressibles. Par exemple, on ne peut pas dire qu’on ne va pas payer les boursiers de l’État. On n’a pas encore enlevé l’investissement des 14 000 milliards, les 2 500 milliards du titre 3, on n’a rien enlevé. Donc, il faut faire un cap sur les 29 000 milliards que nous avons parce que le budget est prévisionnel, on peut ne pas l’avoir. Plus une nation est civilisée, plus les dépenses augmentent », a-t-il martelé chez nos confrères de FIM FM.
Mohamed Lamine Souaré pour Siaminfos.com