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Coupures intempestives de l’électricité en Guinée : un consultant et ingénieur électrique donne les « réelles » causes 

La Guinée est perçue comme le château d’eau de l’Afrique de l’ouest, du fait que plusieurs cours d’eau de la sous région y prennent leurs sources et d’autres traversent même le pays. Malgré ces potentialités hydrauliques, la Guinée n’arrive toujours pas à en tirer profit dans le domaine de l’électricité et offrir les populations du courant de façon permanente. Certains localités de l’intérieur du pays n’ont même pas jusqu’à présent accès à l’électricité. Pour la zone de Conakry, les délestages et les coupures intempestives sont très récurrents. Une situation incompréhensible aux yeux de plusieurs observateurs.

Interrogé sur le sujet ce mercredi, 15 novembre 2023, Moussa Koulibaly, consultant et ingénieur électrique estime que ces coupures constatées actuellement à Conakry et dans certaines villes de l’intérieur du pays étaient prévisibles.

« Je pense que c’était prévisible dans la mesure où les acteurs qui s’occupent du secteur de l’électricité emploient des moyens qui ne sont pas à la hauteur des attentes. Si on arrive pas à mettre en place un plan directeur du développement énergétique, ensuite un plan national d’approvisionnement en électricité, on va toujours connaître des délestages et des coupures d’électricité », a-t-il laissé entendre.

Mais la question que tout le monde se pose, quelles sont les causes réelles de ces délestages ? L’ingénieur électrique pense qu’avec la gestion d’aujourd’hui, il y a des tares techniques, des tares en ressources humaines, mais aussi des tares commerciales qui font qu’EDG se trouve aujourd’hui endettée.

Parlant des tares techniques, Moussa Koulibaly évoque la vétusté très avancée du réseau de distribution d’EDG qui sert les différents postes de transformation jusque dans les ménages.

« C’est la vétusté d’un maillon essentiel dans le système de distribution électrique qui s’appelle le réseau de distribution. J’ai accès mon inquiétude aujourd’hui sur la qualité de notre ouvrage de distribution. C’est-à-dire, quand l’électricité provient des centrales de production (Kaleta, Souapiti), elle est transportée pour être acheminée à Conakry. Quand elle arrive à Conakry, on passe par les postes de transformation pour abaisser les tensions. On passe des tensions de transport (225 kilos volts) pour se retrouver sur des tensions de distribution qui sont dans la zone de Conakry, essentiellement en 20 kilos volts. Donc, ce réseau de 20 kilos volts qui part des différents postes de transformation est aujourd’hui à un état de vétusté avancée par endroit. Certes nous sommes en train de construire d’autres infrastructures, mais aujourd’hui la majeure partie se retrouve hors d’état de fonctionner proprement parce que la sollicitation est importante. Donc, l’ouvrage qui doit contribuer à acheminer cette énergie dans nos résidences est vétuste », a-t-il déclaré.

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A cette vétusté du réseau de distribution, dit-il, s’ajuste la non qualification des ressources humaines d’EDG. Il pense que les agents qui interviennent sur le réseau sont en manque de qualification.

« Il y a quelques mois, on a fait des réceptions provisoires des nouvelles infrastructures de distribution dans la zone de Sanoyah, Kagbelen, dans la commune de Matoto et Ratoma par endroit. Mais aujourd’hui, quand vous allez voir ces infrastructures, par manque des compétences des agents qui interviennent, ce réseau qui vient d’être mis en service il y a quelques mois aujourd’hui est en train d’être dégradé. Il a l’air d’un réseau qui est installé il y a une dizaine d’années », a révélé le consultant.

En outre, Moussa Koulibaly évoque des tares commerciales liées à la non maîtrise du nombre réel d’abonnés d’EDG. A l’en croire, l’État perd beaucoup d’argent à cause des branchements clandestins dans les quartiers.

« EDG déclare aujourd’hui qu’elle a environ 700 mille abonnés. C’est dérisoire avec ce taux de couverture. D’après mes analyses avec mes amis du réseau africain de l’observatoire du système électrique de la sous région, la Guinée devait avoisiner aujourd’hui entre 1 million 200 mille et 1 million 300 mille d’abonnés. Ce qui veut dire que c’est la moitié qui est reconnue dans le fichier commercial. Le reste continue à percevoir mais ils ne paient rien », a-t-il déploré sur Espace FM.

Pour remédier à ce problème de branchement clandestin afin d’avoir un fichier commercial assaini, l’ingénieur électrique propre à EDG de recruter et responsabiliser des agents indépendants qui vont « recenser toutes les personnes qui sont raccordées sur le réseau. De 700 mille, on va se retrouver à 1 million 200 ou 1 million 300 mille abonnés. Ça va être un moyen de renflouer les caisses de l’État ».

 

Abdourahmane Pilimini Diallo pour siaminfos.com

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