Bilan du CNRD: « En matière de droit de l’homme, c’est une déception totale » (Souleymane Bah de l’OGDH)
Violation de la charte de la transition, interdiction des manifestations, tueries lors des mouvements de colère, voilà entre autres les faits qui ont retenu l’attention de l’organisation guinéenne pour la défense des droits de l’homme et du citoyen durant les deux années du CNRD au pouvoir. Le président de l’OGDH que nous avons interrogé ce mardi, 05 septembre 2023, dit que les droits de l’homme n’ont pas été respectés pendant cette période.
Doyen Souleymane Bah se souvient qu’après les évènements du 05 septembre 2021 qui ont vu partir Alpha Condé, le président d’alors, le chef de la junte avait promis que la justice sera la boussole de la transition en cours. Mais deux ans après selon lui, cette promesse a été foulée au sol. Notre interlocuteur regrette par ailleurs, l’interdiction des manifestations par le CNRD et les tueries perpétrées lors des manifestations dans le pays.
« Durant ces deux ans, les droits de l’homme n’ont pas été respectés en réalité. Parce qu’après la prise du pouvoir par l’armée, lors de la prestation du serment, le président de la junte avait promis que la justice sera la boussole. Mais pendant ces deux ans, nous avons vu que cette promesse n’a pas été ténue. Il n’y a qu’à faire un petit bilan : il y a eu des mouvements, notamment des marches. Le CNRD a violé la charte de la transition en interdisant le droit de mouvement et de marcher. Ça a été l’une des premières violations. Et en interdisant le droit de marcher, il y a eu une avalanche de mouvement pendant lesquels il y a eu des victimes, notamment des gens qui ont été tués et blessés par balles réelles, avec des agressions dans les concessions des citoyens. C’est ce qui s’est passé pendant l’ancien régime d’Alpha Condé et ils ont promis que ça ne va plus se répéter, malheureusement ça continue. Aujourd’hui, nous sommes à plus d’une vingtaine de morts, tous tués par balles. Ça, nous n’avons pas apprécié, c’est une grave violation des droits de l’homme, ils n’ont pas tenu leurs promesses », a-t-il regretté avant de poursuivre :
« Ils ont dit qu’ils veulent lutter contre la corruption, le détournement des deniers publics. Nous avons vu des personnes arrêtées, gardées et maintenues en prison malgré l’inexistence des preuves. Jusqu’à présent, il y a des gens qui ont fait plus d’un an en prison sans aucune preuve, ce qui n’est pas normal. C’est une grave violation des droits de l’homme. Ensuite récemment, nous avons vu le ministre de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation qui veut avoir une main mise sur les moyens que les bailleurs mettent à la disposition des organisations de la société civile. C’est-à-dire, il veut aussi bloquer les activités de la société civile, y compris nous les défenseurs des droits de l’homme. Ce qui est très grave. On ne peut pas finir de tout citer, mais pour nous en matière de droits de l’homme, c’est une déception totale. Ils n’ont pas respecté leur engagement, la charte de la transition a été violée entièrement », déplore le président de l’OGDH.
Cheick Fantamadi pour Siaminfos.com