Dédommagement des victimes des évènements du 28 septembre 2009: Ce qu’en dit le Premier ministre Bah Oury
C’est sa première prise de parole depuis le verdict rendu par le tribunal criminel de Dixinn, dans le cadre du procès des événements du 28 novembre 2009. Le Premier ministre guinéen est de ceux qui estiment que la justice guinéenne vient de montrer un bel exemple sur le continent africain.
Pour Bah Oury, « le plus important dans le procès du massacre du 28 septembre 2009, c’est le fait que la Guinée ait pu l’organiser elle-même. Ce qui n’était pas une chose facile parce qu’il fallait du courage et de la détermination pour pouvoir organiser le procès. C’est une première dans l’histoire de la Guinée et même c’est un fait inédit sur l’ensemble du continent africain. Le fait d’avoir eu ce courage est un aspect historique. Le CNRD (Comité national du rassemblement pour le développement) et le Chef de l’État, le Général Mamadi Doumbouya, ont de ce point de vue, apporté à la Guinée ce qu’elle attendait depuis très longtemps. La deuxième chose, c’est le fait que ce procès ait pu se dérouler dans le respect des procédures. Et il a pu montrer les capacités de nos magistrats à mener avec professionnalisme, un procès aussi compliqué et aussi difficile. C’est le deuxième enseignement. La troisième chose, ce procès a pu faire ressortir pour la Guinée et pour l’ensemble des africains de manière générale les coulisses de la gestion du Pouvoir avec parfois, ses combines, ses trahisons, ses reniements et aussi avec une certaine aisance à utiliser et à exploiter la violence d’Etat », martèle-t-il avant de poursuivre :
«C’est un enseignement au-delà de la Guinée, que les États africains doivent tirer pour avoir des mécanismes de contrôle de plus en plus poussé de l’ensemble des forces sécuritaires d’un pays. Donc, la Guinée de ce point de vue-là, en dehors du procès proprement dit, devrait mener des réflexions pour tirer tous les enseignements et tous les mécanismes qu’il faudra mettre en œuvre pour que des choses aussi barbares ne puissent pas se répéter. Cet aspect est très important pour notre pays pour qualifier encore davantage l’ensemble des institutions de la République. La dernière chose que je dois dire à ce niveau-là, ce procès avait suscité des hantises. La tenue du procès va-t-elle faire resurgir certains antagonismes au plan ethnique ? Il y en a eu à un moment donné des tentatives de certaines forces d’aller dans cette direction, mais grâce à Dieu, ceci a pu être contenu. Au-delà du procès lui-même, ce qu’il fallait faire ressortir, ce n’est pas un procès contre une communauté, quelle qu’elle soit. C’est un procès pour juger les responsables au plus haut niveau de l’Etat qui ont enfreint des principes fondamentaux concernant la gestion du Pouvoir et le respect de la vie humaine. C’est cela qui est mis en exergue. Ce n’est pas un procès contre une communauté en faveur ou au détriment d’une autre. C’est un procès de responsables qui ont eu en charge la gestion du pays et qui n’ont pas été en conformité avec les exigences de leur mission. De ce point de vue, le fait que nous en soyons là aujourd’hui, il faut saluer cette forte maturité des populations guinéennes qui ont suivi avec patience et résilience, l’évolution du procès. La dernière chose, c’est un exemple pour le reste du continent africain. C’est aussi un pari, un engagement pour que plus jamais de telles choses ne se répètent. Vous savez, il y a plusieurs manières de sanctionner des faits afin que cela ne puisse plus se répéter. L’une des manières, c’est par un procès le plus équitable possible qui permettra de faire rentrer dans la conscience collective que l’impunité ne peut plus être tolérée. Les défaillances institutionnelles sont possibles, mais, quel que soit le temps, la justice finira toujours par triompher », indique-t-il.
Autre sujet commenté par le patron du palais de la Colombe, c’est celui relatif au dédommagement des victimes. Là-dessus, Bah Oury rassure que « l’État guinéen est en train de réfléchir et d’envisager la meilleure approche qui permettra de résoudre ce problème. Je dois indiquer qu’en dehors même du procès proprement dit, les recommandations des assises nationales qui ont été validées par le Général Mamadi Doumbouya et le CNRD mettent en place des politiques de réparation et de compensation pour les victimes. Donc, en dehors du procès, il y a une indispensable nécessité pour la puissance publique d’inscrire dans son action les démarches de réparation et de compensation. Le plus rapidement possible, nous allons examiner les voies et moyens pour que cela puisse être concrétisé après les procès et les verdicts qui seront définitifs. A partir de ce moment-là, en toute connaissance de cause, de procéder à des réparations et à des compensations dans un cadre général et global vis-à-vis de toutes les victimes qui ont été enregistrées dans l’histoire récente de la République de Guinée», a-t-il confié à nos confrères d’Africaguinee.
Mohamed Lamine Souaré pour Siaminfos.com
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