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Journée internationale de la femme : Zoom sur Aïssatou Diallo, une passionnée de l’électricité bâtiment (interview)

Âgée d’une vingtaine d’années et originaire de la préfecture de Lelouma, dans la région de Labé, Aïssatou Diallo est une vraie passionnée de l’électricité bâtiment. Malgré d’énormes difficultés qu’elle rencontre dans ce métier souvent considéré comme métier des hommes, Aïssatou Diallo se bat tant bien que mal pour se faire une place. Elle a d’ailleurs l’ambition de créer une entreprise dans le domaine pour favoriser son autonomisation. A l’occasion de la journée internationale des droits des femmes célébrée ce 08 mars, la jeune électricienne s’est confiée à notre rédaction.

Lisez l’intégralité de notre interview !

Siaminfos.com : Pourquoi avez-vous opté pour l’électricité étant une femme ?

Aïssatou Diallo : C’est lorsque j’ai divorcé en 2019 que j’ai compris vraiment que je dois faire quelque chose parce que le temps que j’ai fait dans mon foyer m’a permis de beaucoup refléchir. Mon rêve, c’était d’aller à l’université. Mais malheureusement, quand j’ai divorcé, c’était un peu tard. Je me suis dit que ce n’est pas trop tard parce qu’il y a des formations qui se sont présentées. J’ai saisi ma chance et j’ai choisi l’électricité bâtiment. Je suis partie au CFP demander des renseignements, on m’a dit les métiers disponibles et moi j’ai choisi l’électricité parce que c’est le métier que j’aime de plus.

Que représente ce travail pour vous ?

Le travail là représente beaucoup pour moi parce que s’il plaît à Dieu, je compte créer mon entreprise avec ça. C’est pourquoi ça représente beaucoup pour moi. Disons, c’est comme si ça fait partie de ma vie.

Parlez-nous des regards des autres sur vous en faisant ce métier souvent considéré comme métier des hommes.

Quand les gens me voient travailler, je vois en eux qu’ils sont vraiment étonnés. C’est comme s’ils n’avaient jamais vu une femme travailler comme ça et surtout travailler avec ce métier. Ils sont souvent étonnés, mais beaucoup de gens m’encouragent quand même.

Parlez-nous des difficultés que vous rencontrez dans ce travail.

Il y a beaucoup de difficultés. Je rencontre beaucoup de difficultés. Quand certains disent aux gens que moi je travaille, je suis électricienne, il y a beaucoup d’entre eux qui me minimisent. Ils pensent que moi je ne peux rien faire et que c’est juste aller assister et regarder ce qui se passe là-bas. Ils me prennent comme ça, alors que je suis capable de faire tout ce que les hommes font au sentier. Je suis beaucoup minimisée parce qu’à travers ça je n’arrive pas à avoir des contrats. A travers ça aussi, si ce n’est pas les gens qui me trouvent au chantier, on ne me donne pas du travail parce qu’ils pensent que je suis faible. Il y a aussi des gens quand on leur donne mon numéro, ils m’appellent, dès que je décroche ils disent : non, moi ce n’est pas une femme que je veux, c’est un électricien. Parfois, je réponds que c’est une électricienne qui vous a décroché, la personne raccroche en disant que moi je ne travaille pas avec les femmes; il y a un monsieur qui m’a dit ça. La deuxième personne aussi, quand mon maître lui a donné mon numéro, quand il a appelé, j’ai décroché, il a raccroché. Après il appelle encore, quand j’ai décroché, il a dit : c’est une électricienne, j’ai dit oui c’est une électricienne. Quand je suis partie réparer leur panne, ils étaient étonnés. Mais jusqu’à présent, en cas de panne, il m’appelle.

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Comment vous vous voyez en moyen et long terme dans ce métier ?

Je me vois déjà loin parce qu’au début ce n’était pas comme ça. Je sais que je vais réussir et s’il plaît à Dieu un jour je vais créer mon entreprise parce que déjà, le métier fait parti de moi. C’est quelque chose que je ne peux plus abandonner. Ce métier est ma vie, ça fait partie de moi maintenant et je ne veux plus abandonner ça.

Quel appel avez-vous à lancer à l’endroit des autres femmes et filles ?

C’est de prendre courage et pratiquer les métiers. Parce que dans la vie, une fois que tu aimes ce que tu fais, tu peux faire. L’impossible n’existe pas. Je les encourage beaucoup. Le métier encore, ça permet de garder la dignité en tant que femme. Ça donne beaucoup de respect. Si tu fais ton métier, les gens vont te respecter. Donc, moi je les conseille vivement de faire les métiers ou de travailler, c’est très important.

 

Entretien réalisé par Abdourahmane Pilimini Diallo pour Siaminfos.com

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