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Conakry : immersion dans l’univers des laveurs d’engins roulants, ce métier de seconde chance pour de nombreux jeunes diplômés sans emploi (reportage)

Les jeunes guinéens face au défi de l’employabilité. Pour lutter contre le chômage et se procurer d’une vie meilleure, ils sont nombreux à pratiquer des activités génératrices de revenus. Parmi de nombreuses activités juvéniles beaucoup plus pratiquées dans la capitale Conakry, figure le métier de laveurs d’engins roulants. Cette activité est devenue aujourd’hui le sport favori des étudiants diplômés sans emploi, des élèves, mais aussi des ouvriers en manque de contrats. Un secteur qui mérite d’attirer l’attention des autorités compétentes, selon des jeunes rencontrés ce lundi, 4 septembre par un reporter de Siaminfos.com.

Au quartier Cosa sur la route qui mène à Yimbaya Tannerie, près de la gendarmerie Eco-18, se trouve un espace libre occupé par des jeunes. Cet endroit sert désormais de lavage de véhicules, de tricycles et de motos pour ces nombreux jeunes à la recherche du quotidien. Là-bas, une cinquantaine de jeunes garçons y travaillent. Aboubacar Bangoura, alias Liza, est leur responsable.

« Depuis 10 ans, je fais ce travail. Parce qu’un jeune de mon âge doit entreprendre quelque chose. Il ne doit pas voler, ni se droguer. Ici avec moi, il y a des tapissiers, des vitriers, des menuisiers, des jeunes élèves et des footballeurs. Il y a même un sourd muet parmi nous. Tous, nous faisons ce travail et on s’entend très bien. Je n’accepte jamais que quelqu’un se drogue ici, à plus forte raison de se bagarrer entre nous », témoigne ce jeune d’une trentaine d’années.

Aboubacar était autrefois travailleur dans un grand hôtel de la place, a fait le choix de pratiquer ce métier après avoir perdu son job en 2013. Il devrait faire face aux aléas de la vie, nous explique-t-il.

« Avant, je travaillais à Novotel. Mais quand j’ai perdu mon job, j’ai cherché un nouveau boulot sans succès. Je suis passé dans un kiosque de Guinée Games mais avec ça, mes affaires ne marchaient pas. Vu que je ne pouvais pas m’asseoir et croiser les bras, j’ai décidé d’entreprendre ce travail. Il faut dire que beaucoup de jeunes se sentent gêner de faire ce travail. Mais pour moi, c’est un moyen de survivre », a-t-il indiqué.

Grâce à ce travail, le jeune-homme a réussi de nos jours à se fonder une famille et faire face aux coûts de la vie.

« D’abord la première des choses, j’ai eu tout ce qui est habillement grâce à ce travail. Aujourd’hui, je me suis marié dans ça et j’ai eu ma première fille. Même le baptême de ma fille, je l’ai fait avec l’argent gagné dans ce travail. Ce qu’il faut ajouter, c’est qu’il n’y a pas un petit métier. Nous les jeunes, nous devons retenir ceci »,a-t-il conseillé.

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Selon les témoignages du gérant, chaque jour, au moins une centaine de personnes y amènent leurs véhicules et motos pour les laver. Algassimou Diallo est l’un des clients. Il explique le rapport de confiance qui existe entre ces jeunes et leurs clients.

« Nous avons de bons rapports avec eux. Socialement, quand il y a des cérémonies, on se fréquente. Je prends l’exemple sur moi, quand j’ai voulu me marier, ils étaient tous là pour moi et mon secouru financièrement. Et donc, nous entretenons des très bons rapports avec eux. C’est vraiment un avantage que ce travail puisse procurer », a-t-il fait savoir.

Par ailleurs, Aboubacar n’est pas le seul pratiquant de ce métier. A ses côtés, des dizaines de jeunes travaillent aussi d’arrache-pied pour subvenir à leurs besoins et ceux de leurs familles. C’est le cas de Ousmane Sylla, un jeune élève.

« Pour moi, le travail d’ici commence à partir de samedi-dimanche. Samedi, je pars à l’école et après 14h je viens rester ici jusqu’à 19h-20h, si c’est pendant les moments de cours. Quand je rentre à la maison, je mange et révise mes leçons. Avant, c’étaient mes parents qui payaient mes frais de scolarité, mais depuis que j’ai découvert ce travail, je me prends en charge à 80% », informe cet élève, qui profite de ces grandes vacances pour préparer la rentrée scolaire.

Par conséquent, ce métier de laveurs d’engins roulants ne se passe pas sans difficultés, témoigne Aboubacar Bangoura. D’où son appel à l’endroit des autorités compétentes, notamment le ministère de la Jeunesse de leur venir en aide.

« On dit souvent que c’est l’État qui est plus fort. C’est pourquoi nous sollicitons son aide. Ici, nous lavons certaines voitures à 20 mille de nos francs. Quand c’est trop sale, nous pouvons dire 40 jusqu’à 50 mille francs guinéens. Mais si l’Etat nous apporte son aide, peut-être le prix pourra connaître une augmentation et nous permettra également de mieux structurer notre organisation. Ensuite, l’État peut aménager de bons endroits pour nous, afin que nous puissions quitter la rue, parce qu’ici nous sommes dans la rue », alerte le jeune laveur.

Force est de reconnaître que ce métier de laveurs d’engins roulants gagne du terrain à conakry et même à l’intérieur du pays. Mais en lieu et place des centres dignement aménagés pour la cause, les jeunes qui se livrent à cette activité occupent généralement les bordures de routes et sont abandonnés à eux-mêmes. Ils sont souvent exposés aux risques d’accidents de la circulation et à d’autres intempéries de la nature.

 

Cheick Fantamadi pour Siaminfos.com

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