Transition en Guinée : « La CEDEAO est un réflexe de survie et de recherche de son dernier souffle » (Aliou Bah
Dans le communiqué final de la 65ème session ordinaire de la Conférence des chefs d’État et de gouvernement de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), l’institution n’a pas manqué de féliciter les « progrès réalisés » par la junte guinéenne, notamment l’annonce de la tenue du referendum constitutionnel avant la fin de cette année. Déjà, certains acteurs politiques guinéens commencent à se faire entendre.
Le président du Mouvement démocratique libéral (MoDeL) semble être déçu de l’attitude de la CEDEAO, mais pas surpris.
« Lors de son dernier sommet du 7 juillet 2024, la CEDEAO, dans un réflexe de survie et de recherche de son dernier souffle, se dit “satisfaite des progrès réalisés” par les autorités de la transition guinéenne. Cette lecture erronée, parce que très éloignée de la réalité que vivent nos compatriotes, reflète plus un choix de comparaison entre le mal guinéen et le pire des trois pays du Sahel (Mali, Burkina Faso, Niger) qui sont aussi en transition. D’ailleurs tout porte à croire que c’est la base du chantage que fait le CNRD à la CEDEAO et à certains pays étrangers. Toujours est-il que cette lecture n’est ni un progrès ni une raison de satisfaction pour les populations guinéennes dont le calvaire et l’incertitude caractérisent le quotidien et l’avenir », a-t-il déploré avant de poursuivre :
« Néanmoins, il n’y a rien de surprenant d’autant plus que lorsque la junte du CNRD avait annoncé avoir conclu un accord “dynamique” avec la CEDEAO, nous savions que l’usage de l’expression n’était pas fortuit. C’était une façon de préparer les arguments pour rendre élastique la durée de la transition; donc que son prolongement soit à volonté. Heureusement que cela ne trompe aucune personne lucide car à l’époque de la combine, j’avais personnellement attiré l’attention de l’opinion publique sur la subtilité du jeu de mots qui démontre la mauvaise foi de la CEDEAO et du CNRD. C’est d’ailleurs pour toutes ces raisons que la junte avait refusé un dialogue inclusif car c’est évident qu’aucun acteur politique et social sérieux n’aurait signé un accord de trahison contre les intérêts de la Guinée (retour à l’ordre constitutionnel, gouvernance civile représentative, élections démocratiques, développement économique et social) », martèle le politique avant de conclure :
« Dans un contexte de crise profonde du multilatéralisme, le pouvoir des institutions et de la communauté internationales, se réduit aux déclarations et résolutions sans effets. Ceux qui ne le comprennent pas, l’apprendront à leurs dépens. Il appartient donc aux populations de décider de leur avenir, et d’agir en conséquence selon leur mentalité et leurs ambitions. »
Mohamed Lamine Souaré pour Siaminfos.com
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